dimanche 25 avril 2010

Régis Marcon fait le point sur le Tour de France

Vous avez presque fini votre tour de France des étapes de la restauration (19 villes au total), quelles sont vos impressions ?
Régis Marcon : C’est une aventure passionnante, j’en ressors fatigué mais enrichi de tous ces contacts avec des hommes et des femmes qui font un travail extraordinaire au service des jeunes sur le terrain.

Quels sont les moyens mis à votre disposition ?
Ce n’est pas question de moyens, la réussite ne tient qu’à nous-mêmes, et mis à part mes frais de déplacement et logement, je tiens à dire que j’ai fait ce travail bénévolement et je pense que n’importe quel professionnel engagé aurait fait la même chose. Je dois saluer l’excellent travail de coordination des chambres de commerce et des leaders régionaux qui m’ont beaucoup aidé dans ce travail.

Pourquoi vous êtes-vous lancé dans cette aventure ?
J’avais vraiment besoin d’aller voir sur le terrain, partir à la rencontre des formateurs, des directeurs d’établissements, de comprendre les différents dispositifs, dont certains innovants, mis en place ici et là. De plus, j’aimerais mettre en valeur tous ceux et celles qui ont eu le courage de les mettre en place.

Votre message est-il bien passé ?
Je suis plutôt optimiste, les conclusions du rapport ont été bien comprises et admises par l’ensemble des acteurs, mais cela concerne aussi toute la formation en général car je ne tiens pas à opposer le système de l’apprentissage, l’alternance avec celui du système scolaire, nous sommes tous dans le même bateau, on doit travailler ensemble.

Etes-vous syndiqué ?
Je suis à l’UMIH depuis 32 ans (président du 43 pendant 12 ans) mais pour être libre dans mon action durant cette mission, je ne suis plus adhérent à aucun syndicat. C’est mon ami A. Perrier qui a accepté de me remplacer.

Votre image 3 étoiles Michelin vous a-t-elle servie ?
Je ne sais pas, c’est certainement plus mon parcours qui m’a servi, et on doit donner l’exemple en allant à la rencontre des formateurs dans les CFA, lycées, écoles hôtelières. J’en ai visité plus de 24 en 3 mois, je commence à les connaître.

Votre prochain objectif ?
La mise en place du document de stratégie nationale et la création de groupes de réflexion qui vont travailler sur tous les axes que je préconise dans le rapport, de l’orientation jusqu’à l’intégration du jeune.

Comment allez-vous faire pour ces groupes de travail ?
Il serait inutile d’aller monter une énième structure, alors qu’il existe des outils déjà performants en France, je parle de la CPEF qui a des antennes dans chaque région, en rapport avec les OPCA : FAFIH et AGEFOS, mais pour ce travail spécifique issu du rapport, des personnes de terrain que j’ai rencontrées dans chaque région apporteront aussi leur expérience. Ce travail ne pourra se faire qu’en obtenant un large consensus des représentants de la profession.

Vous y croyez ?
Nécessairement, parce que nous n’avons pas le choix. Si nous ne faisons pas d’effort sur la qualité avant d’amener un nombre important de jeunes à former, nous allons perdre une grande partie des forces vives de notre profession. Nous sommes à un tournant, à nous tous, acteurs de la formation et restaurateurs, de nous prendre en main. Cela ne dépend que de nous, c’est pour cela que j’incite chaque professionnel à signer l’engagement.

Combien de signatures ?
Plus de 600 aujourd’hui, la majorité des 3* ont signé cet engagement, mais ce n’est pas réservé aux restaurants étoilés, tous les futurs tuteurs qui accueillent des jeunes sont invités à le faire. Des syndicats, des associations tels que les Maîtres Cuisiniers et les Restaurateurs de France ont bien compris l’enjeu de la formation, mais d’autres associations vont suivre, j’en suis sûr.

Quelles seront les premières actions à mettre en place ?
- Le tutorat obligatoire : D’ici 2 ans, une entreprise qui désirera accueillir un jeune en alternance ou en apprentissage devra obligatoirement avoir un tuteur désigné et formé (nous souhaitons élargir ce dispositif à l’avenir pour les stagiaires en système scolaire).
- Inciter les formateurs à effectuer des périodes en entreprise (surtout pour certains qui ont très peu connu l’entreprise).

Les ministères vous ont-ils suivi ?
Bien évidemment, ils m’ont laissé carte blanche pour le Tour de France et je pense qu’ils ont été surpris de l’engouement de cette action. Les deux Ministres m’ont proposé une mission 2 pour la suite à donner au rapport.

Votre entreprise vous occupe bien aussi, comment allez -vous gérer cette mission 2 ?
Le Tour de France est terminé, le rapport achevé, je vais déléguer des gens responsables, expérimentés qui auront la tâche d’organiser et animer les groupes de travail, sur un calendrier de 5 ans. Chaque groupe rendra des comptes chaque année pour pouvoir réaliser des ajustements si besoin, et nous organiserons à cette occasion, une journée de communication mettant en valeur les jeunes.

7 commentaires:

vbertrand a dit…

Monsieur Marcon,

Il faut balayer devant sa porte.....

Vous dites que les formateurs doivent repartir en entreprise car certains ont peu connu l'entreprise..............
Moi, je dis que certains restaurateurs ne méritent pas d'être restaurateurs.

A quand un diplôme obligatoire pour ouvrir un restaurant ?

Un coiffeur doit avoir un Brevet professionnel !
J'ai construit une expérience dans différentes formules de restauration : étoilé Michelin, restauration rapide, restauration de chaine........ avant de me présenter au concours de l'enseignement.
Pendant ce concours , j'ai été jugé par des professeurs et des MOF.

Je suis souvent inspecté, me remets souvent en cause, m'inscris à des stages en milieu professionnel.

C'est le systhème qui est mauvais.

Pour postuler à un concours de l'enseignement,désormais vous devez avoir un MASTER ? donc beaucoup de théorie et peu de pratique.

jadis, nous devions avoir 5 ans d'expérience en qualité de cadre pour se présenter à un concours.

Enfin, l'enseignement est une vocation.
Le meilleur cuisinier de France n'est pas forcement le meilleur prof.

il faut s'adapter à son public, travailler sur le savoir être et ensuite sur le savoir faire.

J'espère, néanmoins que votre mission fera avancer les choses.

respectueusement

monsieur Bertrand

vbertrand a dit…

Pour illustrer certains de mes propos. Comment certains "cuisiniers" peuvent être Maître d'apprentissage ?

http://www.lhotellerie-restauration.fr/journal/restauration/2010-05/Tribune-libre-du-Club-Prosper-Montagne-Chef-de-cuisine-ou-assembleur.htm

Bon courage mais vous ne changerez pas les gens.......

Monsieur Bertrand

Admin a dit…

Bonjour Monsieur BERTRAND,

Bien d'accord avec vous.
Dans toute la filière de formation, on a tous intérêt à faire des efforts.

Bientôt, il faudra un diplôme pour avoir un restaurant, c'est le tout de l'outil mis en place "titre Maître Restaurateur".
Ceci dit, cela ne résoudra pas tous les problèmes, vous partagez mon point de vue sur des professeurs qui n'ont pas connu l'entreprise,
et je vois que vous vous remettez en cause, vous êtes un exemple et je ne peux que vous féliciter et vous encourager.

Rassurez-vous, malgré la tâche longue et difficile, je suis optimiste.

Régis Marcon

BERGOT D. a dit…

M. MARCON,
Je reviens vers vous une nouvelle fois et ce pour vous faire part de votre action aux seins de différents établissements... Car il est grand temps pour nous chef de cuisine et restaurateurs de se retrousser les manches et s'associer aux enseignents des écoles hôtelières et centre de formations de nos régions !!! Mais M. vbertrand ne me contredira pas, il existe encore des petits privilèges, des préfèrences pour certains professionnels voulant avoir des relations chef de cuisine=professeurs. De ma petite expérience, car je n'ai que 31 ans, mais ayant fait quelques belles maisons, je n'ai pas peur de dire que dans certaines écoles: OUI, il serait bon d'aller faire un stage en entreprise pour certains professeurs, il n'y a pas de hontes à ça, je pense. Maintenant je l'attends en réponse: faites-en de même !! j'y réponds oui volontier car je suis le premier dès que j'ai un moment hors période d'examens, à rendre visite à mon collègue professeur au centre de formation de ma ville,pour rencontrer les jeunes, là d'où je sors également , il y a de ça 15 ans, et j'y retourne maintenant pour faire des interventions en cuisine ... Car certes c'est à nous aussi d'aller aux contacts de jeunes, mais il serait bon que la balle rebondisse. Moi ce qui me désole c'est qu'il existe encore des chefs de cuisine qui disent à leurs apprentis: de toutes façon ton prof connaît rien, il est prof et se cache derrière son statut !! et en retour, dans les lycées, les programmes sont réduits et le travail en pratique est " mâcher ", on fait croire monts et merveilles aux jeunes et quand ils arrivent en stage c'est la dure réalitée du monde du travail et d'un travail en brigade. Les plus forts resteront dans la profession et les faibles arrêteront.. Conclusion la restauration est un monde de fou, où il n'y a que des ingrats. Alors que c'est et ça restera pour moi un métier d'artisanat !!! Pour aller dans votre sens quand même M. vbertrand, je suis d'accord avec vous pour l'obligation d'un diplôme pour ouvrir un restaurant.
Respectueusement

BERGOT D.

Admin a dit…

Monsieur BERGOT,

J'ai bien pris note de votre commentaire auquel j'adhère, mais restons optimistes il y a
encore de bons tuteurs et de bons formateurs.
Avec nos actions nous espérons améliorer les choses.

Merci de vos encouragements.

Régis Marcon

vbertrand a dit…

Bonsoir Monsieur Marcon,

La Gastronomie Française au patrimoine de l'UNESCO............

Si nous voulons cette reconnaissance, il faut arrêter de faire n'importe quoi dans les centres de formation, revoir les référentiels.

L'agroalimentaire tue notre profession, elle est très bien representée dans la 17ème CPC et contribue à introduire depuis bien longtemps tous leurs produits.
Tout a commencé avec les Fonds Chef de chez Nestlé, aujourd'hui ce sont :
Les ovoproduits
Les PAI
Les PAG
Les surgelés
Les conserves qui sont de + en + présents dans les centres.

Certes, certains produits ont permis de "faciliter" le travail quotidien.

Mais nous sommes tombés dans l'excès.

Exemple : Béarnaise déshydraté dans un sujet de CAP 2010.

Connaître les produits,les goûter, les travailler avant d'utiliser des produits industriels

Je pense que vous avez entièrement raison dans vos engagements et je vous assure de mon soutien.

Respect pour ce que vous êtes et ce que vous voulez faire.

J'aurai peut-être l'honneur de vous rencontrer car je vais m'inscrire à un stage chez Cacao Barry

Respectueusement

Monsieur Bertrand

Admin a dit…

Monsieur Bertrand,

Merci de vos commentaires, auxquels j'adhère totalement.
J'espère avoir le plaisir de vous rencontrer bientôt.

Régis Marcon


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