Vous avez presque fini votre tour de France des étapes de la restauration (19 villes au total), quelles sont vos impressions ? Régis Marcon : C’est une aventure passionnante, j’en ressors fatigué mais enrichi de tous ces contacts avec des hommes et des femmes qui font un travail extraordinaire au service des jeunes sur le terrain.
Quels sont les moyens mis à votre disposition ? Ce n’est pas question de moyens, la réussite ne tient qu’à nous-mêmes, et mis à part mes frais de déplacement et logement, je tiens à dire que j’ai fait ce travail bénévolement et je pense que n’importe quel professionnel engagé aurait fait la même chose. Je dois saluer l’excellent travail de coordination des chambres de commerce et des leaders régionaux qui m’ont beaucoup aidé dans ce travail.
Pourquoi vous êtes-vous lancé dans cette aventure ? J’avais vraiment besoin d’aller voir sur le terrain, partir à la rencontre des formateurs, des directeurs d’établissements, de comprendre les différents dispositifs, dont certains innovants, mis en place ici et là. De plus, j’aimerais mettre en valeur tous ceux et celles qui ont eu le courage de les mettre en place.
Votre message est-il bien passé ? Je suis plutôt optimiste, les conclusions du rapport ont été bien comprises et admises par l’ensemble des acteurs, mais cela concerne aussi toute la formation en général car je ne tiens pas à opposer le système de l’apprentissage, l’alternance avec celui du système scolaire, nous sommes tous dans le même bateau, on doit travailler ensemble.
Etes-vous syndiqué ? Je suis à l’UMIH depuis 32 ans (président du 43 pendant 12 ans) mais pour être libre dans mon action durant cette mission, je ne suis plus adhérent à aucun syndicat. C’est mon ami A. Perrier qui a accepté de me remplacer.
Votre image 3 étoiles Michelin vous a-t-elle servie ? Je ne sais pas, c’est certainement plus mon parcours qui m’a servi, et on doit donner l’exemple en allant à la rencontre des formateurs dans les CFA, lycées, écoles hôtelières. J’en ai visité plus de 24 en 3 mois, je commence à les connaître.
Votre prochain objectif ? La mise en place du document de stratégie nationale et la création de groupes de réflexion qui vont travailler sur tous les axes que je préconise dans le rapport, de l’orientation jusqu’à l’intégration du jeune.
Comment allez-vous faire pour ces groupes de travail ? Il serait inutile d’aller monter une énième structure, alors qu’il existe des outils déjà performants en France, je parle de la CPEF qui a des antennes dans chaque région, en rapport avec les OPCA : FAFIH et AGEFOS, mais pour ce travail spécifique issu du rapport, des personnes de terrain que j’ai rencontrées dans chaque région apporteront aussi leur expérience. Ce travail ne pourra se faire qu’en obtenant un large consensus des représentants de la profession.
Vous y croyez ? Nécessairement, parce que nous n’avons pas le choix. Si nous ne faisons pas d’effort sur la qualité avant d’amener un nombre important de jeunes à former, nous allons perdre une grande partie des forces vives de notre profession. Nous sommes à un tournant, à nous tous, acteurs de la formation et restaurateurs, de nous prendre en main. Cela ne dépend que de nous, c’est pour cela que j’incite chaque professionnel à signer l’engagement.
Combien de signatures ? Plus de 600 aujourd’hui, la majorité des 3* ont signé cet engagement, mais ce n’est pas réservé aux restaurants étoilés, tous les futurs tuteurs qui accueillent des jeunes sont invités à le faire. Des syndicats, des associations tels que les Maîtres Cuisiniers et les Restaurateurs de France ont bien compris l’enjeu de la formation, mais d’autres associations vont suivre, j’en suis sûr.
Quelles seront les premières actions à mettre en place ? - Le tutorat obligatoire : D’ici 2 ans, une entreprise qui désirera accueillir un jeune en alternance ou en apprentissage devra obligatoirement avoir un tuteur désigné et formé (nous souhaitons élargir ce dispositif à l’avenir pour les stagiaires en système scolaire).
- Inciter les formateurs à effectuer des périodes en entreprise (surtout pour certains qui ont très peu connu l’entreprise).
Les ministères vous ont-ils suivi ? Bien évidemment, ils m’ont laissé carte blanche pour le Tour de France et je pense qu’ils ont été surpris de l’engouement de cette action. Les deux Ministres m’ont proposé une mission 2 pour la suite à donner au rapport.
Votre entreprise vous occupe bien aussi, comment allez -vous gérer cette mission 2 ? Le Tour de France est terminé, le rapport achevé, je vais déléguer des gens responsables, expérimentés qui auront la tâche d’organiser et animer les groupes de travail, sur un calendrier de 5 ans. Chaque groupe rendra des comptes chaque année pour pouvoir réaliser des ajustements si besoin, et nous organiserons à cette occasion, une journée de communication mettant en valeur les jeunes.